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Abstract
La numérisation s’impose dans tous les domaines de la vie et elle ne s’arrête pas devant la mort. Aujourd’hui, les outils numériques élargissent considérablement
l’éventail d’options disponibles pour toute personne confrontée à la fin de vie et au deuil. Qu’il s’agisse d’anticiper les décisions de fin de vie et de prévoyance
funéraire, de gérer ou transmettre des souvenirs aux survivants, d’améliorer le soutien social lors d’un deuil ou de rester en contact, voire en communication avec des défunts : des applications numériques proposent une solution pour le rendre possible. Ainsi, il existe par exemple des plateformes permettant aux utilisateurs de centraliser dans un environnement sécurisé tous les documents relatifs à leur décès – du testament aux directives anticipées jusqu’aux dernières volontés en matière de funérailles. D’autres prestataires proposent des chatbots – agents conversationnels désignés dans le présent contexte comme des deadbots – destinés à entretenir un échange virtuel avec des individus décédés, en s’appuyant notamment sur des outils d’intelligence artificielle. Les nouvelles opportunités du numérique en lien avec la mort et le deuil sont toutefois accompagnées de risques, par exemple celui de troubler le deuil ou d’exposer les proches à des souvenirs non souhaités. Et il n’est pas exclu que les souvenirs numérisés ainsi que les données personnelles des personnes décédées soient utilisés de manière contraire à leurs valeurs ou à leurs souhaits, jusqu’à les faire revivre virtuellement sans qu’elles y aient consenti de leur vivant.
Dans ce contexte, la présente étude traite du Digital Afterlife, c’est-à-dire l’ensemble des questions relatives à la présence numérique – active ou passive – des personnes après leur mort. Son objectif est de contribuer à la compréhension approfondie des multiples implications du Digital Afterlife et d’en déduire des recommandations pratiques. Pour ce faire, elle vise notamment à donner un aperçu des applications, services et outils actuellement disponibles et à dresser un tableau de la manière dont les applications, services et outils présentés influencent notre rapport au deuil, aux rituels qui l’accompagnent et à la mort humaine. En
lien avec ce qui précède, la présente étude traite également de questions liées aux libertés individuelles, aux droits et aux intérêts des individus, englobant à la
fois les personnes en fin de vie et les proches. Nous montrerons pourquoi il est indiqué pour le grand public de s’intéresser davantage à l’héritage numérique ainsi qu’à la prévoyance en la matière et, selon leur volonté, de prendre les dispositions nécessaires en la matière. Dans ce contexte, l’étude traite en détail des principales questions philosophiques et éthiques liées à la mort numérique.