Résumé

Peut-on traverser la plaine du Rhône et en apprécier le paysage sans que son regard s’échappe systématiquement sur les sommets? D’où vient cette résistance du regard à se poser sur la plaine agricole? Pour le beau, circulez, c’est plus haut. Comment modifier une perception lassée d’une plaine valaisanne où chaque parcelle est devenue propriété utile et où la trame des vergers saccade le paysage? Pas d’itinéraires de grande randonnée sur les chemins qui bordent ces terres, pas de glaneuses de Millet non plus, labeur et désarroi se disputent une place sur le trône bancal de la paysannerie contemporaine. Quitter les axes principaux de circulation et découvrir un peu partout des éléments disparates, jonchant le sol, dont on ne saurait décrire l’usage précis. «C’est le regardeur qui fait l’oeuvre.» Duchamp porte bien son nom. Ces agrisculptures sont autant de sculptures involontaires exposées au grand air, témoins d’une activité agricole régie par ses propres règles et outils. Il y a bien la trace d’un auteur anonyme derrière chaque territoire, de la disposition de pommes avariées sur la terre fraîche à l’empilement méthodique de caisses à légumes. Puis un certain laisser-aller aussi, où toutes les matières demeurent potentiellement utiles et s’amoncellent dans les coins, en attendant.

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