Résumé

Espèce emblématique des crêtes de la Haute Chaîne du Jura, et du Crêt de la Neige en particulier, le pin à crochet (Pinus mugo ssp. uncinata (DC.) Domin.) a suscité de nombreuses interrogations quant à son origine historico-géographique, à son développement au cours des périodes récentes et à son expansion en lien éventuel avec des modifications du milieu, qu’elles soient de nature climatique ou d’usage sylvo‐pastoral. Pour mettre en évidence la contribution stationnelle sur la dynamique de croissance de pins à crochet, nous avons inventorié et mesuré tous les ligneux (y compris les plantules) dans trois placettes de 100 m2 choisies en fonction de l’exposition et de la position par rapport à la crête. Six pins entre 1 m et 1,80 m de haut ont été coupés au collet et découpés pour compter et mesurer les cernes d’accroissement à différentes hauteurs. En complément, cinq pins au port dominant ont été carottés à une hauteur de 1,30 m. Enfin, dans la situation la plus favorable au pin et dans laquelle la présence simultanée d’épicéas a été constatée, ces derniers ont fait l’objet des mêmes mesures que les pins de petite taille (sans coupe). Dans les trois placettes, les températures ont été relevées à l’aide de capteurs thermiques disposés au niveau du sol. L’existence dans la placette la plus favorable (exposition Sud-Est) d’une cohorte de pins âgés de 15 à 22 ans, très homogènes en taille et à forte croissance annuelle laisse à penser à une modification récente des usages pastoraux. Dans les zones les plus froides en versant Nord, la croissance est plus lente et la structure du peuplement traduit une certaine stabilité du milieu à l’époque récente (XIXe et XXe siècles). Les deux pins les plus âgés, observés en versant Nord, sont issus de germinations datant des années 1650‐70. Dans la zone du canyon du Crêt de la Neige, lieu des pins les plus emblématiques en situation de crête, l’individu le plus âgé semble issu d’une germination aux environs de 1760. La présence d’épicéas a été observée de façon sporadique en zone de crête, avec une croissance plus faible que celle du pin à crochet. La concurrence entre ces deux espèces est donc faible pour le moment. En dépit de son apparence emblématique, le pin à crochet n’est ainsi pas forcément une espèce relictuelle en situation sommitale dans le secteur du Crêt de la Neige, et présente aujourd’hui une forte dynamique sur les versants exposés les plus favorables, à la suite probablement de modifications dans les usages pastoraux (réduction de la pression pastorale en situation de crête).

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