Résumé

Ce rapport est le premier d’une série de quatre rapports qui visent à analyser les impacts de l’entrée en vigueur du salaire minimum sur le chômage, l’emploi et les salaires dans le canton de Genève. Le calendrier de ces différents rapports est essentiellement dicté par la disponibilité des données qui sont nécessaires pour réaliser les analyses propres à chacune des trois variables cibles. Le présent rapport est composé de trois parties qui peuvent être résumées comme suit. Premièrement, l’analyse de données internes à l’Ocirt-Ocpm sur les demandes de permis de travail par les entreprises montre que la proportion de cas problématiques (dans les-dites demandes) a atteint un pic juste après l’entrée en vigueur du salaire minimum en novembre 2020, pour rapidement redescendre en-dessous de la moyenne historique. En novembre 2022, le taux de cas problématiques n’a jamais été aussi bas depuis 2015. Selon l’analyse effectuée conjointement par l’Ocirt et les partenaires sociaux, les cas problématiques sont dans la majorité des cas associés aux questions salariales. Par conséquent, la tendance négative observée sur la proportion de ces derniers, depuis l’entrée en vigueur du salaire minimum, suggère une bonne assimilation du principe d’un salaire minimum dans l’économie. Deuxièmement, le salaire minimum semble également être bien assimilé par les jeunes du canton, comme le démontre les résultats obtenus à partir d’un sondage réalisé auprès d’un échantillon de personnes âgées de 18 à 25 ans. Près de 9 répondants sur 10 connaissent l’existence du salaire minimum et 6 sur 10 en connaissent même le montant. Ces résultats sont d’une grande importance étant donné que, comme le montre la littérature internationale dans le domaine, les jeunes sont a priori les plus directement concerné-e-s par le salaire minimum. Finalement, l’analyse des données agrégées du chômage (Amstat/SECO) sur la période allant de mai 2018 à avril 2023, montre que l’entrée en vigueur du salaire minimum n’a pas eu d’impact significatif sur le taux de chômage cantonal. Néanmoins, lorsqu’on décompose le taux chômage selon les caractéristiques socio-démographiques des personnes, on observe que : — Le salaire minimum a eu pour effet d’augmenter le taux de chômage des jeunes âgé-e-s de moins de 25 ans. — Le salaire minimum a eu pour effet d’accroître la proportion des jeunes âgé-e-s de moins de 25 ans dans la population de chômeur-se-s comme dans celle des demandeurs d’emploi. Ce résultat traduit le mélange d’effets que l’on peut attendre du salaire minimum sur la demande de travail (les entreprises réduisent ou freinent l’emploi de jeunes) et sur l’offre de travail (davantage de jeunes cherchent un emploi). Ainsi, bien que le taux de chômage des jeunes (comme des moins jeunes) ait globalement diminué durant la période d’observation, l’introduction du salaire minimum a eu pour effet de limiter cette diminution. Autrement dit, sans le salaire minimum, le taux de chômage des jeunes aurait davantage diminué dans le canton de Genève.

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