Abstract
Deux territoires du cinéma contemporain de fiction sont animés par des dynamiques d’inventions singulières de montage, l’une s’appuyant sur des plans longs associés notamment à des structures de montage « intra-plan », l’autre caractérisée par une recherche de fragmentation et de perturbation de la chronologie narrative. La première partie de ce travail de recherche, intitulée « Attrait de la durée », analyse les structures de montage au sein des films en plans perdurant de Béla Tarr, Pedro Costa, Tsai Ming-liang, Lav Diaz, Hu Bo, László Nemes, ou encore Roy Andersson, en dressant notamment une typologie des plans-séquences, plans-tableaux, ou encore des plans-situations. Ces plans perdurant, qui incluent ou non des processus d’intra-montage, sont des lieux d’hospitalité, qui accueillent la plénitude du surgissement des suites événementielles. Ces films arriment ainsi les personnages au monde contemporain et creusent avec insistance dans le réel, conférant une présence aux paysages urbains, ruraux ou sylvestres qui sont autant d’espaces-matrices où s’installent des existences souvent précaires. La deuxième partie « Dyslinéarités » porte sur des films anachronologiques, réalisés notamment par Alejandro G. Iñárritu, Bruce McDonald, Mike Figgis, Atom Egoyan et Xu Bing qui, dans des registres cinématographiques très différents, proposent des déstructurations chronologiques par mise en boucle, dissémination ou encore démultiplication graphique. Ces anachronologies figurent tant les fragmentations typiques des espaces et des temporalités du monde contemporain que les intermédialités multiples caractéristiques des révolutions digitales qui ont bouleversé les sociétés dès la fin du XXe siècle.