Résumé

Le cinéma délibérément « sans histoire » de Béla Tarr se structure autour d’actes primordiaux (attendre, épier, marcher, danser) portés par des plans longs spécifiques qui font advenir une coalescence enlaçant lieux, temps, personnages, animaux... Tournés à la dolly (sur rails ou sur roues pneumatiques) ou au steadicam, les plan-séquences de Béla Tarr forment une vaste typologie : plan-séquence par enlacement du champ et du contre-champ (régressif ou progressif), plan-séquence par arrimage, plan-séquence à stases filées ou encore plan-séquence circulant, ... A l’opposé, les caméras anthropo(hyper)centriques de Hu Bo dans An Elephant Sitting Still (2018) et de László Nemes dans Le Fils de Saul (2015) s’enlacent aux seuls personnages : arrimées aux visages et aux mouvements des corps, elles tronquent le voisinage des êtres et structurent des plans-séquences concentrant par retranchement. Si les situations filmées sont incommensurables (la Chine contemporaine, Auschwitz), ces deux films offrent néanmoins des partis pris cinématographiques similaires, dont on interroger les puissances esthétiques, au regard des plans-séquences haptiques de leur mentor revendiqué Béla Tarr.

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